En France, plus de 9 internautes sur 10 utilisent le moteur de recherche Google. Malgré cette situation de quasi-monopole, des alternatives se lancent et partent à l’assaut du géant de Mountain View. Parmi ces outils, nous entendons de plus en plus parler de Qwant, « le moteur de recherche européen, rapide et panoramique qui respecte votre vie privée ». Pour en savoir plus sur ses caractéristiques et sa philosophie, nous avons rencontré son co-fondateur, Éric Leandri.

Quelle sont les différences entre Qwant et ses concurrents ?

Qwant est le seul moteur de recherche qui protège la vie privée de ses utilisateurs, en ne collectant strictement aucune donnée personnelle lors des recherches. Nous n’utilisons pas de cookie ni aucun autre outil de tracking qui permettrait de réaliser le profil de l’utilisateur et de l’exploiter ou le revendre à des fins publicitaires ou autres. Il existe à côté des méta-moteurs (interfaces de recherche qui utilisent Bing, Yahoo, Google…) qui ne collectent pas de données, mais Qwant est bien le seul véritable moteur – qui plus est basé en Europe, au sens où nous disposons de notre propre index et de nos propres algorithmes de classement des résultats.

Cela veut dire pour l’utilisateur que les résultats affichés n’ont pas été biaisés selon son profil, que nous présentons le même web à tout le monde, tel qu’il est, sans préjuger de qui recherche l’information. C’est une garantie de neutralité, essentielle pour la liberté de chacun.

Il y a très peu de publicités affichées, et celles qui le sont sont basées uniquement sur votre recherche du moment, sans aucun ciblage sur l’individu.

Quels sont les avantages/inconvénients de SwitchToQwant ?

Outre le fait de protéger réellement sa vie privée, en ne voyant pas ses recherches analysées et archivées (ce que d’autres font parfois sur de très longues années), l’utilisateur de Qwant bénéficie d’une recherche panoramique, qui couvre aussi bien les sites web que les réseaux sociaux, les news, les images, les vidéos, les sites de shopping, la musique, etc. Tout est compilé dans une interface agréable, simple à utiliser et rapide, et il est ensuite possible d’affiner plus précisément par types de contenus si on le souhaite.

En termes d’inconvénients, comme tout choix d’un nouveau moteur de recherche, certains pourraient avoir la crainte d’être frustrés par telle ou telle fonctionnalité qu’ils ne retrouvent pas. Mais le fait de choisir Qwant par défaut n’empêche pas d’utiliser en appoint un autre moteur, si l’on en ressent vraiment le besoin pour une requête spécifique (petite astuce : il est possible de saisir « !g » avant ses mots clés pour que la recherche s’effectue sur Google, ce qui permet de garder Qwant par défaut et d’utiliser Google uniquement quand on pense en avoir besoin, sans avoir à taper google.com dans la barre d’adresses).

Quels sont les chiffres clés de Qwant ?

Qwant a répondu l’an dernier à 2,6 milliards de recherches. Nous avons environ 40 millions d’utilisateurs mensuels. Dans un sondage IFOP récent, 4 % des internautes français disaient utiliser Qwant. Enfin, nous indexons actuellement 16 milliards de pages et notre crawler visite 250 millions de pages par jour.

Quels sont les formats publicitaires proposés, comment fonctionne le ciblage ?

Nous affichons des publicités textes, intégrées aux résultats et identifiées avec le mot « Annonce ». Ces publicités sont basées sur les mots clés saisis par l’utilisateur, ce qui permet d’être extrêmement efficace puisque le message publicitaire correspond très exactement à ce que veut le consommateur au moment où il recherche. Il n’y a aucune forme de ciblage de l’internaute lui-même.

Peut-on diffuser des publicités pertinentes sans récolter de données personnelles ?

Oui et même plus facilement ! Qui n’a jamais vu des publicités s’afficher pendant plusieurs jours et gaspiller de l’espace d’affichage publicitaire, pour des produits ou des services qui ne nous intéressent plus ? Le targeting basé sur les individus a ses limites, et il en aura de plus en plus avec l’entrée en vigueur du GDPR, qui va renforcer les obligations de respect des données personnelles. Qwant ne s’interdit pas de collecter des données et de les analyser, nous nous interdisons simplement les données qui ont un caractère personnel. Nous revenons à de la publicité contextuelle telle qu’elle a longtemps fait ses preuves, basée sur le contenu qui est consulté ou recherché, et non sur le profil de la personne qui le consulte ou le recherche.

Doit-on, peut-on vraiment « quitter Google » ?

C’est une question de choix pour chacun. Or le problème est d’avoir la liberté de ce choix. Actuellement sur Android par exemple, il est impossible de choisir librement son moteur de recherche sans installer un nouveau navigateur tel que Firefox sur son mobile. C’est un problème sur laquelle nous attendons une réponse ferme de la Commission européenne. Pour le reste, il y a des services de Google dont on peut très facilement se passer, qui ont des alternatives très efficaces (Qwant en est une pour le moteur de recherche), et d’autres où sa position dominante en fait une porte difficilement contournable pour l’accès à des contenus. Ce que nous voulons, c’est que l’utilisateur dispose toujours du choix, et que les positions dominantes ne soient pas exploitées pour sous-tirer un faux consentement à exploiter des données personnelles.

Quelles seront les prochaines innovations de Qwant ?

Qwant est en forte croissance. Nous étions 60 au printemps, nous serons 80 à la rentrée de septembre, et autour de 150 à la fin de l’année. Il faut donc s’attendre à une forte montée en puissance de Qwant avec beaucoup de nouveautés que nous dévoilerons dans les semaines et les mois qui viennent, qui permettront aux internautes de bénéficier de multiples services avancés, toujours avec le même souci de respecter leurs droits et de favoriser le développement d’un écosystème sain sur Internet, bénéfique à tous ses acteurs.